Les Compagnons du Devoir proposent un CQP « Installateur mainteneur des systèmes de ventilation ». Entretien avec Pierre Vaillard, chargé de mission – Métiers de la ventilation.
À qui s’adresse la formation « Installateur mainteneur des systèmes de ventilation » ?
Pierre Vaillard : L’idée est de pouvoir proposer à des professionnels, déjà en activité de monter en compétence. Soit pour se perfectionner, soit pour s’ouvrir à d’autres marchés. Le public visé est en général des entreprises de plomberie / chauffage / génie climatique ou des entreprises d’électricité. Nous pouvons également accueillir des entreprises de charpente, sur la conception ossature bois notamment, des architectes ou des bureaux d’études. L’idée est de proposer des formations courtes (modules) sur la ventilation dans l’habitat individuel ou collectif en neuf et rénovation et également dans le petit tertiaire.
Combien avez-vous de modules ?
Pierre Vaillard : Actuellement, nous avons une dizaine de modules chacun sur une thématique particulière. L’idée est de proposer quelque chose d’assez complet qui réponde à la réalité du marché. Chaque thème évolue entre 1 et 3 jours de formation. Chaque structure est libre de choisir ses modules de formation.
Pourquoi cette formation est-elle unique en France ?
Pierre Vaillard : La ventilation a toujours été un peu mise en retrait. Cela fait une dizaine d’années qu’on commence à se projeter sur l’aéraulique. Dans un premier temps dans le tertiaire et aujourd’hui, la réglementation et notamment la RE 2020 (Règlementation environnementale) oblige au contrôle des installations de ventilation en bâtiment neuf dans l’habitat. Ces obligations nécessitent d’avoir certaines compétences et connaissance des DTU (Document Technique Unifié ) et des notions règlementaires. Ce sont ces compétences, connaissances et notions qu’on désire apporter en formation.
Cette formation permet donc de rajouter une brique de compétence à une formation initiale ?
Pierre Vaillard : Le « ventiliste » n’est pas à proprement parler reconnu en tant que tel en France. Nous sommes un des derniers pays européens à ne pas considérer la ventilation comme étant un métier à part entière. Nos modules sont donc plus des spécialisations ou des mentions complémentaires. Pour faire le parallèle avec notre formation, CQP (Certificat de Qualification Professionnelle), certification de la FFB (Fédération Française du Bâtiment), s’ouvre à un public « relativement jeune » sorti de formation initiale soit en plomberie soit en électricité. Un public qui a déjà des bases concernant les notions thermique, hydraulique, fluidique… Nos modules leur permettent d’ajouter une corde à leur arc.
Vous formez combien de personnes par an ?
Pierre Vaillard : Nous avons lancé la formation en Septembre 2023. Les chiffres ne sont donc pas très parlants. Cette année, nous avons eu une section de CQP, 9 jeunes en formation longue de 8 semaines. Nous avons également, on a accueilli 3 entreprises. En cumulé, cela représente une trentaine de personnes, sans parler des formations ponctuelles dispensées pour des jeunes de chez nous.
En perspective, quelles sont vos ambitions ?
Pierre Vaillard : Au vu de notre fonctionnement, l’idée n’est pas de développer cette formation au niveau national. Nous avons 7 centres de formation, mais nous ne sommes pas une entité avec de gros moyens financiers ou de grosses structures. Cette formation nécessite des locaux adaptés, avec suffisamment de place, puisque nous travaillons avec des réseaux et des machines imposantes. Au-delà, puisque ça reste avant tout une spécialisation, tout le monde ne souhaite pas forcément se former. L’idée est donc déjà de faire de la sensibilisation, de montrer qu’il existe des possibilités de se former pour ceux qui le souhaitent, l’objectif étant de démocratiser le sujet et de rentabiliser le site développé à Amiens. Il y a beaucoup d’investissement et nous avons la chance que de nombreux industriels aient joué le jeu. Nous sommes une association loi 1901, reconnue d’utilité publique à but non lucratif, nous pouvons travailler en mécénat de matériel. Dans ce cadre, les industriels nous ont facilité l’accès à leur produit. Le but est donc d’exploiter au maximum ce qui a déjà été mis à disposition par les industriels, puisqu’on parle de l’équivalent de 200 à 300 000 euros de matériel. L’idée est de centraliser au niveau interne avec les jeunes des Compagnons du Devoir, en visant notre bassin d’implantation que sont les hauts de France. Une situation géographique nous permet d’accueillir des professionnels de Paris, Lille, Reims, Rouen, qui sont des villes à fort potentiel en termes d’entreprises. À terme, on pourrait créer un petit campus/pole ventilation, efficacité énergétique, traitement d’air.
Au-delà de ce développement dans les Hauts-de-France, nous venons d’ouvrir un nouveau centre de formation à Bordeaux avec des ateliers qui seront également équipés en matériel de ventilation, mais plus pour la partie maintenance des équipements. À Bordeaux, on proposera un titre professionnel « Agent de maintenance en équipement de confort climatique » avec une appétence pour la partie ventilation.
Le but est également de pouvoir travailler et faire de la sensibilisation interne, puisqu’actuellement nous avons 18 centres de formation chez les Compagnons plombiers qui font soit de la formation initiale, soit du perfectionnement. L’objectif étant d’équiper chacun de ces pôles avec des petits modules dans un premier temps et de faire des interventions pour démocratiser la chose.